Cartes postales
Cartes postales
De nombreuses cartes postales évoquent la mariée de Chambretaud. Elles sont d'ailleurs souvent assorties de 2 légendes contradictoires: le proverbe qui suggère une fille abandonnée par son fiancé, et un extrait de la chanson elle-même qui raconte le contraire.
Version de 1988 (sur un témoignage d'Edmond Bocquier)
La version de 1988
(Laurence Hérault-Edmond Bocquier)
Version évoquée pour la 1ère fois en 1988, à l'exclusion de toute autre version, et publiée par Laurence Hérault. On la retrouve sur le site de la mairie de Chambretaud ☞ et sur d'autres tels que cholet.free.fr ☞ ou encore Wikipedia.
On notera l'absence de strophes, de rimes systématiques, de rythmes réguliers, du système couplet/refrain ... Aucune musique n'est indiquée. Ce texte n'est manifestement pas une chanson. Il aurait été recuelli par Edmond Bocquier, folkloriste, 1881-1948 ☞)
Ce n'est pas pour dire, mais Chambretaud
Est un pays comme il faut :
Toutes les filles ne s'y marient pas,
Il en reste toujours sur le carreau.
Enfin, voici ce qui est arrivé ;
Cela m'a été raconté
Tel que cela s'est passé
Par le curé Bienaisé,
Voici ce qu'il m'a dit :
" Lui, Jean Loiseau,
Non pas qu'il fût sot,
Était pratiquement vieux garçon
Et cela ne lui souriait pas
De partir à la guerre.
Napoléon ayant dans l'idée
D'y envoyer tous les vieux garçons ;
Il y avait un moyen de l'éviter,
C'était une belle fille
Qui avait de beaux yeux, et des sourcils
Encore plus beaux...
Ce qui est certain :
Comme il fallait se hâter,
Quinze jours plus tard, ils se mariaient,
À la mairie, Ils ont dit oui ;
En revenant de chez le curé
Ont commencé à se disputer :
Dame, elle avait la réplique !
Comme il était marié devant la République,
Le gars se dit que cela lui suffisait : Il planta là sa mariée...
Toute apprêtée !
Version de 1898, signée Henri du Bocage
Version de 1898,
signée Henri du Bocage
(pseudonyme d'Henri Bourgeois ?)
Voici le texte originel tel que la revue "la Vendée Historique" le proposait à ses lecteurs en 1898. il est plus circonstancié et sans doute plus amusant que la version plus récente. A noter qu'il servait encore de faire-valoir publicitaire à la maison Lepron qui le diffusait encore abondamment il y a une quinzaine d'années.
La légende de "la Mariée de Chambretaud" (chanson),1898
|
Documents audios ou/et vidéos
La Mariée de Chambretaud
par Chris hayward, avec la participation du groupe Quintaine
(vinyle, vers 1980)
Par l'atelier Vocal des Herbiers-Chambretaud
(vers 1990)
Données historiques
Histoire d'une chanson
Dates et les références qui ponctuent cette histoire
Remarques destinées à faciliter la lecture:
1- Le proverbe est la 1ère trace écrite de "La Mariée de Chambretaud", connu et peut-être déjà à demi oublié à la fin du XIXème siècle: c'est semble-t-il le garçon qui a fait faux bond à sa promise. Méfions-nous cependant, parce que dans la chanson d'Henri Bourgeois, la jeune fille est finalement punie d'avoir dit non à Jean Loizeau: les garçons de Chambretaud ne veulent plus d'elle. On pourrait donc dire d'une certaine manière qu'elle est restée "tout apprêtée", (vieille fille).
2 - La Chanson d'Henri Bourgeois/du Bocage date de 1898 : écrite dans une tonalité presque rabelaisienne dont Louis Chaigne appréciera le comique burlesque, elle met en scène une jeune fille, jolie, riche, qui abandonne son fiancé le jour des noces. A noter qu'en ce temps-là, du moins selon la chanson présentée comme une légende, on ne se marie pas à la mairie mais seulement à l'église. On appréciera la caricature du curé... Mais la morale est sauve, expédiée qu'elle est en dans les derniers quatrains. La version d'Henri Bourgeois a été maintes fois chantée et même enregistrée.
3 - Années 1900 et suivantes: de nombreuses cartes postales intègrent des strophes de la chanson d'Henri Bourgeois. Elles utilisent tour à tour le proverbe et la chanson bien qu'ils se contredisent.
4 -Un récit vient accréditer l'idée que la chanson renvoie à un fait historique. Mr de Suyrot en est probablement l'auteur (années 1970-1980). Il a produit 2 versions bien différentes: il hésite ainsi entre 1855 et 1870-71. Ce n'est pas la seule variante.
5- Un nouveau texte apparaît tardivement (1980-1990), qui ne mérite pas le titre de chanson; les aspects formels ne permettant pas de le classer dans ce "genre littéraire et musical". Il n'a probablement jamais été chanté. Il est en principe accompagné, au moins de manière implicite, du récit de Mr de Suyrot, puisque cette nouvelle version de la chanson le conforte. Il arrive parfois qu'on juxtapose la version d'Henri Bourgeois et le récit de Mr de Suyrot, bien qu'ils soient en complète contradiction. Enfin, un choix a été fait entre les deux dates proposées par Mr de Suyrot: seule reste en lice la date de 1855.
1867 - Louis Favre, Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l’Aunis, p. 218.
"Mariage de Chambretaud. Un proverbe vendéen dit d’une fille qui est abandonnée le matin de ses noces: “Al é queue la mariage de Chambretaud qu’é rechtée tote apprêtée on attendant sa galont. “
1879-1881 - Léo Desaivre, Bulletin de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, p. 345.
"Les mariés ont donné lieu à deux proverbes locaux: - Etre comme la mariée de Chambretaud qui est restée toute apprêtée à attendre son galant, et raide comme la mariée de Benet. (Note: La mariée de Benet n’est guère plus connue aujourd’hui que celle de Chambretaud)."
1898 - La Vendée Historique d' Henri Bourgeois, pages 28-29-30: Première publication de la chanson.
1903: H. Bourgeois: Les mille et une nuits vendéennes (Légendes du Bas-Poitou), Luçon, Bordeaux, 244 (p. 80-85). la chanson est signée Henri du Bocage, sans doute un pseudonyme d'Henri Bourgeois qui finira par la publier dans un ouvrage quelques années plus tard.
Légendes vendéennes, La légende de “La mariée de Chambretaud” (chanson). Air vendéen connu.
Y vas v’s conter l’historiette,
Grelin grelot, grelin grelette,
De la marié’ d’Chambretaud,
Grelin grelett’, grelin grelot. (Suivent 36 couplets)
1910 - Revue des Traditions populaires, Octobre 1910, p. 366.
"Rester en plan comme la mariée de Pont-Rousseau. (On dit que cette mariée attendait son futur, toute parée, le matin de ses noces, et qu'il s'était coupé la gorge. Pont-Rousseau est un faubourg de nantes, situé au bout des Ponts. Le même proverbe existe en Vendée, où l'on dit: Rester toute apprêtée, comme la mariée de Chambretaud."
1932 - Bulletin de la société Olona Olona (Les Sables d'Olonne, janvier 1932
1938 - Ouest-Eclair, 23 mai 1938, p. 6.
"Extrait du programme des manifestations du jeudi 26 mai (fête de l'Ascension)
15 heures: grande fête estudiantine: La Mariée de Chambretaud et la farce de l'Olive par les Etudiantes"
1972 - Comte de Suyrot: Brièvetés sur la Vendée, p. 35-36. (Version 1)
"L'Empire sombre dans le désastre de 1870-1871...
Pendant cette année terrible, on appela bien des classes d'hommes sous les drapeaux. Tout d'abord, les célibataires durent partir les premiers, aussi y eut-il cette année-là, quantité inaccoutumée de mariages. Toutes les vieilles filles firent prime. On raconte que l'une de ces jeunes filles prolongées, au physique peu avantageux, disait à tout venant: " J'en exemptirai ben un... moi aussi tout de même". Un gars endurci jusqu'alors dans le célibat, mais pressé par les événements, fit le même jour trois demandes en mariage; enfin, la troisième accepta sa main. Il était temps !
Il serait donc bien inutile de chercher, pendant les mois que dura la guerre, la date exacte du mariage manqué de la mariée de Chambretaud "qui resta tout apprêtée à la mairie" tandis que son galant avait filé ailleurs !"
1973 - "La Suisse vendéenne. Des Templiers à Gilles-de Retz". Dans cette brochure le Canton de Mortagne publie le texte d'Henri du Bocage/Henri Bourgeois daté de 1898.
1980 (années 80; à préciser) - Comte de Suyrot (Version 2)
Version manuscrite réalisée à l'occasion de l'ouverture de la Maison de la Mariée.
Le contenu est sensiblement le même qu'en 1972, mais l'année a changé et on a désormais une date précise. En effet le Comte de Suyrot situe désormais l'histoire en 1855. Il précise que les bans furent publiés et dûment enregistrés à la mairie et à l'église. "Le jour du mariage est fixé au 8 septembre 1855". (consulter la page du blog consacré à ce document de 2 longues pages).
1980 (années 80, date à préciser) Enregistrement d'un vinyle qui fait place à la version de 1898 ☞
Par Chris Hayward, avec la participation du groupe Quintaine
1981 Louis Chaigne: La Vendée une et diverse, p. 29. (Version de 1898)
"Un humour inégalable et qui s'arrête à peine, si l'on peut dire, au bord de la causticité, assaisonn parfois la chanson vendéenne. La "Mariée de Chambretaud" a été créée par un de nos malicieux compositeurs. Elle apprend aux trop exigeantes bachelettes comment elles peuvent être "mises à la diète" par les jeunes candidats au mariage."
1984 - Laurence Hérault: Mémoire de maîtrise d'ethnologie, les 2 premières pages. L'auteur adopte la version 1 du Comte de Suyrot.
"Chambretaud, petite commune du Nord-Vendéen est célèbre alentour pour sa mariée, la petite JACQUETTE, qui a ridiculisé Jean Loizeau en refusant de l'épouser alors qu'ils étaient déjà à l'église. En fait, il semble que, contrairement à la chanson, ce soit Jean Loizeau qui en 1870, ait abandonné Jacquette aux portes de la mairie. ce mariage contracté pour lui éviter la conscription, ne lui était plus nécessaire après l'annonce du désastre de Sedan".
1988 - Laurence Hérault : Coutumes en Vendée / 1 (Ed. UPCP), pages 112 et 113. (Une nouvelle version apparaît). L'auteur ne donne plus de date concernant les événements, mais relègue au second plan la version d'H. Bourgeois, pour mettre en valeur un nouveau texte, inconnu jusqu'alors.
"La Mariée de Chambretaud. Désireux d'illustrer le fameux dicton "al'at fét queme la mariàie du Chambrtàud, chi rechtit tote apraetàie" (il (elle) a fait comme la mariée de Chambretaud, qui s'apprêta pour rien"), les organisateurs de la kermesse de Chambretaud composèrent la chanson suivante pour la fête du 13 août 1939". Suit la nouvelle version de la chanson (c'est sa première apparition et c'est celle qui sera bientôt diffusée un peu partout et présentée comme la chanson de "La mariée de Chambretaud"). Ce texte sans strophes, sans mètre, sans rimes, sans refrain et sans indication de musique aurait été recueilli par E. Bocquier (probablement Edmond Bocquier, folkloriste, 1881-1948 ☞). Seule référence, cette indication: AD 85, 59-J16-3. (Consulter la page consacrée à ces documents)
Suit une rapide évocation du texte d'Henri Bourgeois daté de 1898/1903, dont on cite les 2 premières strophes.
1990 - (Années 1990, date à préciser): Enregistrement vidéo de la chanson (version 1898),
par l'Atelier des Herbiers-Chambretaud ☞
2014 - Michel Chamard: La Vendée pour les Nuls.
(voir la fiche consacrée à La mariée de Chambretaud).
l'auteur reprend l'une des version du Comte de Suyrot dont il résume le propos. Ainsi font Wikipedia et plusieurs sites touristiques et commerciaux.
2014 - Ludovic Kerzic : La Mariée de Chambretaud (Coll. Plumes au bout des doigts)
"Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait le fruit d'une pure coïncidence". On l'aura compris: l'auteur revisite l'histoire de la Mariée de Chambretaud par une fiction pleine de rebondissements et située cette fois-ci dans notre présent.